La Chronique du Franc-Maçon, 2 janvier 1875, numéro 1

Cet article d'ouverture de la Chronique des Francs-Maçons a été écrit il y a 145 ans, mais il reste toujours d'actualité.
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Les membres de la franc-maçonnerie s'accordent sur les avantages sociaux, moraux et religieux de la franc-maçonnerie.
Le Maître Maçon, quelle que soit sa croyance ou son pays, sait que son lien avec l'Institution complète ses autres possibilités de devenir un bon citoyen, une règle de vie qui englobe toutes les bénédictions dispersées dans les diverses croyances dans lesquelles les nations du monde sont divisées.

Il est assuré que l'honneur, la vertu et la bienveillance sont les qualités qui seules doivent distinguer une classe d'une autre et que, dans le cadre du lien sacré de la fraternité, tous les bons Maçons sont égaux aux yeux du Maître suprême de l'univers. Malheureusement, le monde extérieur ou le monde populaire, qui n'est pas entré dans l'initiation de l'Art Royal, est enclin à appliquer à ses membres les tests ordinaires qui prévalent dans la vie sociale. Il est donc vital pour l'institution elle-même que tous ses membres soient des personnes au caractère irréprochable, et il est tout aussi important qu'ils possèdent cette culture qui distingue le gentleman du non-gentleman.

Il nous semble tout à fait possible qu'un frère soit un bon franc-maçon ordinaire, capable de remplir tous les devoirs imposés par les principes de l'amour fraternel, de l'aide et de la vérité, et qu'il n'ait pourtant pas cette connaissance pratique qui, si elle accroît la courtoisie de la vie, s'accompagne trop souvent d'une compréhension froide et cynique. En même temps, nous considérons qu'il est absolument nécessaire que chaque Maçon fasse tout son possible pour polir et affiner son intellect. Nous allons même plus loin, et nous exprimons honnêtement et sans crainte notre opinion que personne ne devrait être choisi pour occuper une fonction dont le culte ne lui permettra pas de rendre hommage aux grands et importants devoirs de sa position.

Ce qui se passe derrière les portes fermées d'une loge maçonnique est sacré pour le monde entier.
Le sceau du secret est apposé sur le cœur et les lèvres du franc-maçon. Il n'est pas un adepte du prosélytisme.
Sa tâche est claire et droite devant lui.

Mener sa vie, mener ses actions, afin que tous les cercles extérieurs du peuple sachent qu'il fait partie d'un groupe glorieux de frères, qui se sont engagés à vivre une vie pure et propre, à aider les malades et les nécessiteux, à dire et à agir la vérité, dont ses insignes ne sont que les symboles. Sérieusement impressionnés par le caractère sacré et secret de l'Artisanat, nous comprenons néanmoins qu'il est de notoriété publique que la Franc-maçonnerie embrasse un rituel qui, par la splendeur de sa composition déclamatoire, est parfait à sa manière.

Nous soutenons qu'un tel rituel devrait toujours être confié à des ministres dans la bouche desquels il ne devrait rien perdre de ses qualités sonores et impressionnantes. Les appels à la vertu et à l'amour bienveillant, les accusations d'actes d'abnégation et d'amitié, d'amour pur et beau, où la honte et la passion n'ont pas leur place, doivent être prononcés sur des tons où l'intonation musicale rivalise avec l'exactitude de l'accent et la perfection de la grammaire.

S'il en était autrement, quel serait le résultat ? Il nous semble possible que des hommes d'une éducation imparfaite, mais d'une nature pointilleuse et coercitive, n'aient pas laissé, en entrant dans une Loge, la possibilité de progresser, à temps et à contretemps, jusqu'à ce que, avec l'énergie qui accompagne souvent les esprits vulgaires, ils aient obtenu un poste à la place de frères plus aptes mais plus modestes.

Il serait possible que de telles personnes, soutenues par le pouvoir de l'érudition - que la franc-maçonnerie ne reconnaît pas, mais qui ne doit pas être écarté du calcul des probabilités - nous disons qu'il serait possible que de telles personnes gèrent de telle façon les devoirs, qui étaient faiblement confiés à leur entretien, pour chasser du champ de l'activité maçonnique locale des personnes de plus grande culture et de plus grand raffinement. Si un tel état de fait était possible, ce serait dommage.

Combien plus fâcheux serait alors l'introduction dans la société de ces personnes d'un néophyte doué d'avantages mentaux supérieurs, qui, choqué par l'incongruité de la position, se retire pendant les premiers temps de son illumination, et avant tout la splendeur du système pénètre son regard étonné.

Il s'agit certainement de dommages possibles contre lesquels il faut se protéger.
Cependant, il s'agit là de malheurs qui, étant limités à l'art royal lui-même, peuvent rester impunis, voire non critiqués ; mais il y en a d'autres. Prenons un exemple fictif.

Nous supposerons qu'un personnage royal est en visite dans une grande ville de province.
Le maire et la compagnie ont épuisé leur ingéniosité en proposant des divertissements variés.
Il y a eu l'inévitable concert à l'hôtel de ville, la visite des usines locales, l'exposition florale du district et, en fait, la ronde générale de douce dissipation propre à l'occasion. Finalement, il est apparu à la Grande Loge provinciale qu'un monstrueux bal maçonnique donnerait l'animation souhaitée, et lorsque la permission fut accordée pour l'utilisation de vêtements, la grande œuvre fut mise en route.

Nous supposons que tous les préliminaires se sont bien déroulés. Les magnats du comté ont reçu et accepté les invitations, et la soirée riche en événements est enfin arrivée. Les frères sont rassemblés, allant du simple garçon blanc et de la soie bleu clair au pourpre et à l'écarlate et à l'or ; les cols et les bijoux que nous voulons tous.
Des jeunes filles sensibles et des matrones habilement formées sont présentes, avec des yeux aiguisés pour tout le faste visible.

Il y a beaucoup d'expressions de surprise ravie que Lord Untel, ou M. Nominate, soit un franc-maçon, et au fil du temps, quand les choses sont un peu réglées, la question devient audacieuse de savoir qui est le président ou le maître, comme on l'appelle, de la loge locale ?

Supposons qu'il soit possible, dans un tel cas, que ce même président ou maître ne soit autre qu'une personne dont le manque de culture est notoire ; une personne dont le manque d'éducation et l'ignorance des règles de courtoisie de la société sont la risée commune de la ville. Si une telle chose était possible - nous ne disons pas qu'elle l'est - ce serait un reproche à l'Ordre de la franc-maçonnerie.

On peut se demander si nous placerions la simple culture et ce qu'on appelle les bonnes manières au-dessus de l'intégrité sincère et du bon cœur. Nous répondrions que dans les affaires de la vie ordinaire, nous ne devrions pas le faire, mais nous pensons que tous les hommes représentatifs devraient posséder ces attributs décoratifs ; et tout comme un homme ignorant et vulgaire n'est pas à sa place dans la chaire, au sénat ou au conseil municipal, il n'est pas à sa place en tant qu'officier d'une loge maçonnique. Tous les hommes ne peuvent pas être, et il n'est pas souhaitable qu'ils le soient, des Lord Chesterfield, mais tous les hommes qui cherchent à représenter des institutions doivent posséder autant de connaissances polies qu'il est possible d'honorer la position qu'ils occupent.

Certains Anglais de la classe moyenne ont trop tendance à mépriser ce qu'ils appellent un peu dédaigneux, mais nous avons l'autorité du lauréat pour dire que "les manières ne sont pas vaines, mais la preuve d'une nature loyale et d'un esprit noble". Nous tenons avant tout à rappeler à nos Frères que La Chronique du Franc-Maçon ne dégénérera jamais en organe de critique pleurnichard. Aucune tentative ne sera faite, dans l'intérêt de l'intelligence ou de la finesse de l'écriture, pour brandir la rapière étincelante du sarcasme contre les membres moins doués du corps auquel nous sommes fiers d'appartenir.
En même temps, nous croyons fermement aux effets positifs d'une opinion honnête et franche.
On notera que nous nous sommes soigneusement abstenus de faire la charge directe la plus simple.

Notre argument est qu'en devenant franc-maçon, un homme n'abroge pas une seule des responsabilités qu'il avait jusqu'à présent envers la société, mais assume de nouvelles responsabilités envers une ancienne société, vénérable et respectable.
Que dans sa nouvelle fonction, s'il recherche à la fois les honneurs et les avantages, il est impératif qu'il s'en rende digne.
En effet, s'il arrivait un jour que le tableau que nous avons brossé puisse sembler réel, que nous voyions l'ignorance et la vulgarité s'élever au rang de professeur, il serait temps pour ceux qui aiment l'Artisanat d'élever une voix d'avertissement.

On dit que certains philosophes antiques ont enseigné derrière un voile. Les élèves ont entendu les conseils du maître, mais n'ont pas vu son visage. Dans cet État où l'on enseignait de nombreuses vérités sages et bienveillantes, elles faisaient sans doute appel à l'intelligence de ceux qui les entendaient et les comprenaient. Priez pour que nous ne soyons pas moins chanceux.

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Thierry Stravers est co-propriétaire de Masonic Store.
Il aime combiner sa passion pour le style et l'élégance avec ses activités maçonniques.
Thierry est le propriétaire de Trenicaune agence de marketing et est membre du conseil d'administration de Loge Enlightenment No.313 O : Hoofddorp.

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